Préambule
Entrent en scène d’abord une femme, un peu plus tard une autre, entre ensuite un homme, un peu plus tard, un autre. Ils sont entrés uniquement pour raconter aux spectateurs les histoires de deux couples mariés.
Extrait du texte
(…) Pause.
DEUXIEME FEMME. – Maintenant je vais vous parler d’un autre couple marié. Eux aussi ont vécu ensemble plus de cinquante ans. Il s’appelait Albert et elle Margaret. Chacun avait quatre-vingt-quatre ans, ils étaient nés la même année. Et voilà qu’un jour Albert est rentré à la maison après une promenade, s’est assis sur une chaise au milieu de la pièce, a appelé sa femme pour qu’elle vienne s’asseoir en face de lui dans un fauteuil en rotin, et quand elle est venue et s’est assise face à lui dans le fauteuil en rotin, il a dit :
– Je veux parler avec toi, Margaret. C’est très important. Toi et moi, ça fait longtemps qu’on n’a pas discuté des choses importantes, pas vrai ?
– Toi et moi, si tu veux mon avis, on a jamais discuté de choses importantes, lui a répondu Margaret.
C’était une femme dotée d’un très bon sens de l’humour.
– C’est, assurément, drôle, a dit Albert.
Et ensuite il a continué.
– Je veux te dire, Margaret, qu’il se trouve que je suis tombé amoureux d’une autre femme. Il m’est difficile de t’en parler, mais nous avons vécu ensemble cinquante-quatre ans et je ne t’ai jamais trahie sérieusement. Je te respecte beaucoup, tu es la mère de mes enfants…
– Et la grand-mère des tes petits-enfants, l’a interrompu Margaret.
C’était une femme dotée d’un bon sens de l’humour.